L’atelier régional qui s’est tenu à Maputo, au Mozambique, du 21 au 25 avril 2025, a marqué une avancée significative dans la mise en œuvre de l’audit coordonné sur la violence sexiste (ACVBG) mené par les institutions supérieures de contrôle des finances publiques (ISC) des pays PALOP-TL, conformément aux normes de l’INTOSAI, dans le cadre du plan d’action de l’OISC | CPLP (Organisation des institutions supérieures de contrôle des finances publiques des pays lusophones, membre de l’INTOSAI).
Cette session de planification technique a réuni les membres des équipes d’audit des ISC d’Angola, du Cap-Vert, de Guinée-Bissau, de Sao Tomé-et-Principe, du Mozambique et du Timor-Leste.
L’atelier a grandement bénéficié des contributions de plusieurs partenaires clés, notamment le programme multipacifique de gestion des finances publiques Pro PALOP-TL financé par l’UE et mis en œuvre par le PNUD, la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GbmH au Mozambique (GIZ-Mozambique), le FNUAP, l’équipe chargée de l’égalité de genre du PNUD (HQ-BPPS) et l’institution supérieure de contrôle des finances publiques du Brésil (Tribunal de Contas da União).
Organisé avec le soutien de la Cour administrative du Mozambique, cet atelier de cinq jours a permis aux participants de mener à bien la phase cruciale de collecte d’informations de l’audit, ce qui constitue une avancée particulièrement importante compte tenu de l’expérience limitée de certaines équipes en matière d’audit de performance. Les participants ont également affiné leurs matrices de planification d’audit afin de mieux les adapter aux réalités locales, sous la houlette d’animateurs experts qui les ont aidés à clarifier la méthodologie et à s’assurer d’une compréhension commune pour la suite des travaux.

L’atelier a été enrichi par les contributions du FNUAP et de l’équipe du PNUD chargée de l’égalité de genre, qui ont apporté leur expertise sur les dimensions émergentes et complexes de la violence sexiste, notamment dans l’espace numérique, l’évaluation budgétaire des programmes de lutte contre la violence sexiste, ainsi que la préparation, le stockage, le traitement et la diffusion des données sur la violence sexiste.
Ces domaines thématiques, souvent peu familiers aux équipes d’audit, sont essentiels pour garantir que les audits dans ce domaine soient à la fois efficaces et adaptés au contexte.
Pleins feux sur la violence sexiste facilitée par la technologie
L’une des sessions, organisée en collaboration avec l’équipe chargée de l’égalité de genre du PNUD, a porté sur la violence sexiste facilitée par la technologie (TFGBV). Elle visait à améliorer la compréhension des participants sur cette forme croissante de violence et à explorer comment les audits publics peuvent y remédier efficacement.
La TFGBV désigne une forme de violence de plus en plus courante qui utilise les plateformes numériques pour harceler, menacer, intimider ou nuire à des personnes. À mesure que la technologie s’intègre dans la vie quotidienne, les cas de harcèlement en ligne, de cyberharcèlement et d’abus numériques se multiplient, et les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée. Alors que des études indiquent que 85 % des femmes dans le monde ont été victimes d’une forme de harcèlement ou d’abus en ligne au moins une fois dans leur vie, les systèmes de données et les cadres politiques de nombreux pays restent mal équipés pour y faire face.
Dans ce contexte, l’audit coordonné sur la violence sexiste dans les pays PALOP-TL offre une occasion cruciale d’identifier les lacunes et les points d’entrée pour agir. L’intégration de la TFGBV dans les audits nationaux permet aux ISC de renforcer le respect des engagements pris en matière d’élimination de la violence sexiste, contribuant ainsi à la pleine jouissance des droits humains des femmes et à leur participation au développement humain durable.

Comment transformer les engagements en faveur de l’élimination de la violence sexiste en changements concrets ?
La session « Les budgets publics pour mettre fin à la violence sexiste », organisée en collaboration avec l’équipe du Sceau de l’Égalité de Genre pour les Institutions Publiques du PNUD, met en avant la budgétisation sensible au genre comme un instrument puissant pour garantir le financement et avoir un impact significatif dans la lutte contre la violence sexiste. S’appuyant sur les enseignements tirés des pays PALOP-TL tels que le Cap-Vert, le Mozambique et le Timor-Leste, elle met en avant des pratiques prometteuses telles que les fonds dédiés à la violence sexiste et les mécanismes de transparence. La clé ? La volonté politique, la coordination multisectorielle et des allocations budgétaires claires.
Perspectives
Après le succès de l’atelier de Maputo, l’ACVBG entre maintenant dans sa phase critique suivante. Dans les semaines à venir, les ISC participantes finaliseront leurs matrices de planification d’audit, jetant ainsi les bases du travail de terrain qui débutera dans les six pays. En octobre, les équipes d’audit se réuniront à nouveau pour une réunion technique de suivi afin d’élaborer une matrice d’audit consolidée, qui aboutira à la fin à l’élaboration d’un résumé exécutif consolidé, qui servira d’instrument clé pour la diffusion des résultats de cet important audit.

L’audit coordonné sur la violence sexiste reflète un engagement commun à améliorer la responsabilité du secteur public et à garantir que la violence sexiste, y compris ses dimensions numériques en constante évolution, soit traitée par une gouvernance éclairée et fondée sur des données probantes. À mesure que cette initiative progresse, elle témoigne non seulement du rôle croissant des institutions d’audit dans la promotion de la responsabilité, mais aussi de leur potentiel pour façonner des systèmes publics plus justes et plus sensibles à la dimension de genre.